Comment calculer précisément le point mort ? Définition

En gestion, le point mort est un indicateur de performance théorique (ou réel en se fondant sur les chiffres d’un exercice par exemple) d’une entreprise en ce sens qu’il permet de désigner l’instant où celle-ci atteint le seuil de rentabilité. Cet indicateur de performance est particulièrement apprécié dans la constitution des plans d’affaires des entreprises en création. On se base sur lui afin d’estimer quand un chef d’entreprise pourra espérer avoir un retour sur ses investissements. On utilise également le point mort comme outil théorique permettant de programmer de nouveaux investissements (notamment dans le cas des startups).

Définition simple du point mort d’une entreprise

Le point mort désigne la date (et même l’heure si l’on veut) de l’atteinte du seuil de rentabilité et constitue ainsi symboliquement le temps précis où l’entreprise ne fait ni bénéfices, ni pertes. Avant cette date, l’entreprise est en perte. Après cette date, l’entreprise commence à engranger des bénéfices. Dans la pratique, il est possible d’atteindre un point mort au cours de l’exercice annuel de l’entreprise ou, pour celles qui sont déficitaires, dans l’exercice suivant. En fonction des choix stratégiques d’investissements et de communication autour des produits ou des services, mais surtout en fonction de la marge sur coût variable réelle de l’entreprise et de son niveau de coûts fixes, atteindre le point mort peut être ainsi plus ou moins difficile.

Calcul simple du point mort sur une base de 360 jours annuels

On pourra utiliser ce calcul pour un prévisionnel d’activité par exemple, le nombre 360 représentant une année sur le plan comptable. Il est par ailleurs des aléas que l’on ne peut maîtriser à l’avance et une estimation de ce type, basée sur un chiffre d’affaires et des coûts fixes théoriques, donne une marge sur coûts variables prévisionnelle qui peut être soumise à erreurs. Voici la formule de calcul :

Point mort exprimé en jours = (seuil de rentabilité / chiffre d’affaires) x 360

Prenons un exemple :

  • L’entreprise X réalise un chiffre d’affaires de 121000 euros sur une année ;
  • Le total des charges variables de l’entreprise X est de 45000 euros ;
  • Les charges fixes de l’entreprise X sont de 60000 euros.

A partir des ces éléments, commençons par déterminer le Seuil de rentabilité  en commençant par déterminer la marge sur coût variable (MSCV) :

Chiffe d’affaires – Charges variables soit ici 121000 € – 45000 € = 67000 €

Puis, à partir de ces éléments, il suffit de suivre cette formule de calcul du taux de marge sur coûts variables :

Taux de MSCV (TMSCV) = Marge sur coûts variables / Chiffres d’affaires soit ici : (67000 € / 121000 €) x 100 = 55,37%

Et le seuil de rentabilité : Coûts fixes / Taux de marge sur coûts variables  soit dans le cadre de l’entreprise X :

60000 / 55,37% soit 108362 euros (arrondis).

A partir de cet exemple de seuil de rentabilité, on peut donc déduire que l’entreprise X a son point mort le 323ème jour de l’année civile :

(108362 / 121000)/ 360 = 322,40 (Un 18 novembre de l’année 2020 par exemple).

Calcul du point mort en prenant en compte le calendrier annuel

Comme nous allons le voir dans ce qui suit, en utilisant un tableau du CA mensuel (et du cumulés), il est possible d’être beaucoup plus précis sur la date réelle du point mort. Constituer un tableau du chiffre d’affaires réalisé par mois pour lequel on établit un cumul (le Chiffre d’affaires cumulé) est par ailleurs très utile pour se fixer des objectifs. En voici un exemple à partir d’un CA réalisé par mois sur une année N pour l’entreprise X évoquée ci-dessus :

MoisChiffre d’affaires mensuelChiffre d’affaires cumulé
Janvier1000010000
Février900019000
Mars1000029000
Avril1200041000
Mai1300054000
Juin1000064000
Juillet700071000
Août500076000
Septembre1200088000
Octobre14000102000
Novembre10000112000
Décembre9000121000

En se reportant à la colonne du chiffre d’affaires cumulé de ce tableau, on s’aperçoit que le seuil de rentabilité doit être atteint également au mois de novembre. Du 1er janvier au 31 octobre, l’entreprise X a réalisé 102000 € de CA. Il manque donc encore 6362 € (108362 € – 102000 €) Puisqu’au mois de novembre l’entreprise X réalise un CA de 10000 €, il suffit de faire un produit en croix  en se basant sur le nombre de jours effectifs. Complétons donc le tableau avec le nombre de jours (dont les jours cumulés) par mois sur l’année N :

MoisNombre de joursNombre de jours cumulés de l'année NChiffre d’affaires mensuelChiffre d’affaires cumulé
Janvier31311000010000
Février2859900019000
Mars31901000029000
Avril301201200041000
Mai311511300054000
Juin301811000064000
Juillet31212700071000
Août31243500076000
Septembre302731200088000
Octobre3130414000102000
Novembre3033410000112000
Décembre313659000121000

(30 / 6362)x 100 = 47,15%. On sait déjà donc que le point mort sera antérieur à la mi-novembre.
30 x 47,15% = 14,145 soit le 15 novembre. Entre le 18 novembre, il y a déjà un différentiel de trois jours qui va varier selon les chiffres que l’on a réellement ainsi que selon les années calendaires (années bissextiles, congés ou vacances ne dégageant pas de CA, etc.).

Avec la méthode ci-dessus, on obtient donc des résultats plus précis et liés au calendrier réel de l’année étudiée mais il n’en demeure pas moins que l’estimation d’un point mort reste toujours quelque chose d’approximatif.

Les limites du point mort

Bien que la méthode soit particulièrement appréciée pour la réalisation de prévisionnels ou pour avoir une idée général du potentiel de rentabilité d’une entreprise (de sa profitabilité également), que dans tous les pays on utilise cette méthode (Les anglais évoquent notamment ici les notions de payback ou encore de Break-event point, une traduction littérale), les méthodes de calcul du point mort sont délimitées par des arbitraires.

Le fait de choisir un CA cumulé par mois peut être amélioré en définissant par exemple celui cumulé par jour, collant ainsi beaucoup plus à la réalité des saisonnalités naturelles d’une entreprise. Cela permet également de prendre en compte des événements comme les congés payés, la vacance d’activité d’une entreprise, etc.

X.D.

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