Ouvrir un magasin : Comment faire ? Les questions à se poser

Vous souhaitez vous lancer dans l’entrepreneuriat et ouvrir un magasin dans une ville ou même en zone rurale ? Il s’agit pour vous de bien établir les contours de votre projet de création d’entreprise. Les idées d’ouvertures de magasins sont nombreuses et chaque jour, de nouveaux chefs d’entreprises entreprennent la réalisation de ce type de projet. Dans ce sujet, étudions ensemble quelques points clefs pour assurer la réussite de votre création d’entreprise.

Ouvrir un magasin en posant les bases du projet

Cela paraît évident peut-être mais la définition de l’offre produit/services est une étape essentielle. Elle est nécessaire car ouvrir un magasin, c’est choisir une implantation dans un bassin de vie le plus souvent où le besoin se fait sentir pour les consommateurs et futurs clients. Une analyse de l’environnement au travers d’une étude de marché s’impose toujours avant de décider, par exemple, de signer un bail qui pourra vous engager pour trois ans minimum.

L’idée d’ouvrir un magasin ne permet pas généralement d’avoir une conception précise d »e ce que ce dernier pourrait réellement être dans la vraie vie. D’abord, parce que l’on ne peut individuellement embrasser tous les contours d’un projet sans se préparer, en parler, écrire le processus que vous allez enclencher. En pratique, il est utile, dans cette première étape, de déterminer toutes les options du futur projet de création d’entreprise. Posez vous donc cette question préalable :

Que vais-je faire, pour qui, avec qui et comment ?

Prenez ainsi position et commencez à faire des choix chiffrés sur des variables comme :

  • Le produit/marché qui permettra ensuite d’établir une stratégie commerciale par exemple ;
  • Les moyens humains, l’équipe mais aussi déjà vos futurs partenaires ;
  • Les moyens matériels dont vous avez besoin pour l’ouverture de votre magasin ;
  • Les moyens financiers aussi et rapidement pour décider de l’opportunité ou pas de vous lancer dans des investissements à court ou moyen terme ;
  • Le cadre juridique enfin qui, si il est mal choisi, peut vite devenir un frein à la réussite du projet.

Il s’agit là d’un véritable travail en amont qui peut prendre beaucoup de temps et même des ressources financières. Ouvrir un magasin, que ce soit un salon de coiffure, une épicerie ou encore un magasin de vêtement, impose d’avoir une certaine méthodologie qui ne s’improvise pas. Il est ici, dans la définition de projet, très utile d’être accompagné par des tiers qui vous aideront à prendre les meilleurs choix stratégiques.

Valider la faisabilité de votre futur magasin hors contexte économique

Un projet, c’est avant tout la définition d’objectifs à atteindre. Si vous décidez d’ouvrir un magasin, ces objectifs peuvent en réalité être plus nombreux que l’atteinte pure et simple d’un chiffre d’affaires annuel ou d’une rentabilité donnée sur l’ensemble du projet. Ainsi, nous vous invitons à prendre en compte des éléments plus personnels avant toute entreprise :

  • Quelle est ma situation professionnelle actuelle ?
  • Quels sont mes souhaits en termes de mode de vie ?
  • Quelle est ma situation matrimoniale ?
  • Ai-je envie d’avoir des enfants ou d’en avoir d’autres ?
  • Quelle est ma situation patrimoniale actuelle et que deviendra-t-elle ensuite ?
  • Pourquoi ai-je envie de devenir chef d’entreprise ?
  • Ne devrais-je pas plutôt reprendre un magasin plutôt que le créer ?
  • Quid de la franchise pour démarrer ?
  • Etc.

Ce sont des questions qu’il faut se poser individuellement mais l’ouverture d’un magasin peut également se faire à plusieurs. Dans ce cas, il faudra aussi interroger ses futurs associés et collaborateurs sur ces mêmes questions, en plus des suivantes :

  • Pourquoi ai-je besoin d’un(e) associé(e) ?
  • Est-il ou est-elle vraiment utile à la réussite du projet ?
  • Pourrais-je supporter de travailler au jour le jour avec lui/elle ?
  • Quels sont les rêves personnels de mon associé(e) ?
  • Comment se projette-t-il/elle demain, dans cinq ans, dans vingt ans ?
  • Comment se passerait ne transmission du magasin ou sa cession ?

L’étude de marché quantitative et la perspective du secteur

Avec le COVID-19, nous nous sommes aperçu que peu d’activités n’étaient préparées à de tels bouleversements, tant sur le plan économique et financier que sur les modes de consommation. Les habitudes de consommation sont ainsi impactées, les modèles fondés strictement sur la perspective d’ouvrir un volet roulant pour commercialiser des produits également.  Beaucoup d’entreprises ont ainsi essayé de changer leur modèle économique, ont essayé de se réinventer durant cette période de confinement. Le manque de préparation à des changements structurels du marché est ainsi aujourd’hui un risque à prendre en compte dès lors que vous ouvrez un magasin.

Ce risque doit être observé sur le mode de commercialisation, sur les produits proposés, sur le personnel alloué comme ressource à l’activité, sur les besoins de trésorerie en cas de crise, sur la recherche et développement. Sur ce dernier point, l’innovation sera toujours au cœur de vos projets de développement et si, dès l’idée, vous avez des opportunités de réflexion pour améliorer le produit ou les services associés à celui-ci, vous êtes sur de bons rails.

Posez-vous des questions notamment sur le produit :

  • Dans quelle mesure mes produits répondent-ils à des besoins primaires, secondaires, etc (Maslow) ?
  • Que se passe-t-il sur Internet et comment puis-je prendre des parts de marché là également ?
  • Dans quelle mesure puis-je espérer innover avec eux (tant sur le plan technique que sur le plan des services associés par exemple ?
  • Quels sont les activités et produits connexes à ceux que je vais commencer à vendre ?
  • Quelle réglementation sur les produits ? Quelles sont les tendances ?
  • Quel impact sur l’environnement ?

Déterminer une implantation de magasin

Ce n’est pas une question facile et généralement des erreurs sont commises par manque d’analyse des besoins du secteur géographique et du marché ou par le manque de ressources financières pour lancer son activité. Clairement, cela ne coûte pas la même chose que d’ouvrir un magasin sur une artère fréquentée à Paris que dans un petit village de Lozère. Pourtant, les deux stratégies peuvent répondre à des logiques stratégiques tout à fait valables. Le tout est de réfléchir à la question de la distribution des produits en cohérence avec ses objectifs de chiffre d’affaires et de rentabilité.

La projection de ces variables évoquées plus haut doit se faire dès le choix de l’implantation :

  • Que deviendra mon magasin dans un an ? Sans 5 ans ? Dans dix ans ?
  • Quel environnement autour ?
  • Y a-t-il suffisamment de consommateurs de proximité ?
  • Quels sont les habitudes de déplacements de la population ?
  • Pourrais-je ambitionner de céder un jour mon magasin ?
  • Ai-je le choix de l’implantation (cas des franchises) ?
  • Y a-t-il des situations favorables au stationnement ?
  • Existe-t-il un accès handicapé ?
  • Quels sont les possibilités d’accès par le transport en commun ?
  • Quels sont les projets à venir sur la voirie ?
  • Quel est le Plan local d’urbanisme (PLU) ?

Dois-je ouvrir une boutique de franchisé ou dois-je plutôt être indépendant(e) ?

Au début du siècle, les franchises ont connu un énorme essor. On se souviendra que le concept n’est pas nouveau et que Mc Donald s’est, par exemple, développé fortement par ce biais. Créer sa propre enseigne ou utiliser une enseigne existante, cela ne participe pas de la même philosophie entrepreneuriale. D’abord, parce qu’être franchisé, ce n’est pas ouvrir un magasin seul. Il existe ainsi un accompagnement plus ou moins appuyé d’une maison mère. Cela impacte en théorie plus de facilités pour vendre des produits et facilite notamment le réassort. Cependant, selon les contrats de franchises, vous n’aurez pas les mêmes avantages et aurez même des contraintes en matière de gestion et d’innovation.

Avec une franchise, les concepts marketing, managériaux et de rentabilité sont le plus souvent rodés

Si l’on reprend le concept du Mc Donald, vous pourrez probablement choisir vos collaborateurs mais aurez beaucoup moins de capacité dans la gestion et l’aménagement de votre restaurant. Pas question ici de proposer d’autres produits que ceux de la marque. Cela peut avoir un côté rassurant, notamment sur le plan de la communication et même de la distribution (encore que) mais cela conduit aussi à appliquer strictement ces politiques sans avoir de prise quant aux résultats locaux, quant à la décision de faire ou de ne pas faire ce qui vous est demandé. C’est donc, d’une certaine manière, une entrave à votre conception entrepreneuriale qui peut tout à fait pourtant valoir le coup dans la mesure où les process sont particulièrement éprouvés par un marché bien plus grand que vous ne pourriez avoir en démarrant seul(e).

Faites attention toutefois à bien choisir la franchise certaines manquent encore aujourd’hui de nombreux appuis pourtant nécessaires au lancement de votre activité. Ce qui vous amène à ces questions :

  • Depuis quand existe la franchise ?
  • Combien de magasins existent et où ?
  • Quel chiffre d’affaires en moyenne ?
  • Quelle rentabilité en moyenne ?
  • Quelle communication, y compris digitale est proposée ?
  • Serais-je libre de m’implanter où je le souhaite ?
  • Puis-je développer d’autres activités connexes ?
  • Quelles sont les contraintes pour la cession ?
  • Suis-je maître de mon recrutement ?
  • Quelle durée d’engagement ?
  • Quel coût cela représente au début et dans le temps ?

Quel bail pour l’ouverture d’un magasin ?

Il existe différents types de baux :

  • Le bail commercial dit 3/6/9 avec un engagement triennal
  • Le bail dit précaire (convention) ou bail de courte durée appelé également bail dérogatoire sans engagement de durée minimum ;
  • Le bail à l’américaine dans pas de porte ni de droit au bail ;
  • Le bail professionnel de six ans ;
  • Le bail saisonnier (notamment pour les magasins qui ouvrent durant les périodes estivales).

Généralement, il est plus facile de se faire financer une implantation dès lors que l’on sait que le magasin sera ouvert pendant plusieurs années. Ce qui fait que le bail commercial est largement préféré des financeurs comme les organismes de crédit. Par ailleurs, bien que ce soit lus engageant, c’est un risque en moins à prendre pour vous également. Perdre le fruit de son fonds de commerce serait en effet une catastrophe.

Surtout, éviter de signer un bail sans avoir finalisé votre plan de financement et validé l’affectation des ressources financières. Mieux vaut de passer à côté d’une occasion pour l’ouverture d’un magasin plutôt que de prendre un bail sans avoir assuré l’ensemble des besoins pour son ouverture.

Faites aussi très attention à la lecture attentive des articles de la convention que vous signez et faites vous aider pour les décrypter parfois. Certains articles sont parfois l’occasion pour le bailleur de se dégager de certaines responsabilités (notamment sur le bâti) ; Il ne s’agirait pas d’être dans l’obligation de refaire l’immeuble à son profit sans garanties !

Vendre sur Internet, communiquer et monter une boutique en ligne

Impossible de faire sans Internet depuis maintenant plusieurs années. Depuis l’épisode de confinement en raison du COVID 19, les commerçants ont cherché à trouver des débouchés alors même que leur boutique était fermée administrativement. De ce fait, beaucoup ont souhaité et souhaitent aujourd’hui passer d’une simple communication sur les réseaux sociaux et sur un site vitrine à la création de boutiques E-commerce. Tous et toutes en ligne donc ! Ce qui peut se traduire par de la vente à distance classique ou bien entendu en click and Collect afin d’attirer les consommateurs dans le magasin.

Le confinement a conduit de nombreuses entreprises adepte de débouchés physiques à s’investir sur la vente en ligne, à l’instar parfois des pures players de leur secteur d’activité.

Pour ce sujet spécifique, il est intéressant de préparer une excellente expérience utilisateur en permettant à ceux qui commandent en ligne pour venir chercher les produits ensuite dans votre magasin d’être servis différemment, plus rapidement et en dehors du cheminement classique d’un possible prospect arpentant les rayons.

Vous avez fortement intérêt à vous former sur ces sujets préalablement. D’abord pour bien choisir les partenaires, en suite pour gérer une bonne part de votre activité vous-même. L’exploitation des sites Internet n’est pas si compliquée que cela et les débouchés sont vraiment très nombreux ; Prenez en considération ici que le fait de développer une activité sur Internet, un E-commerce en l’occurrence, revient à créer une seconde boutique qui potentiellement sera plus génératrice de revenus un jour que la boutique physique elle-même.

Ici, posez-vous notamment les questions suivantes :

  • Avez-vous un cahier des charges pour la création de votre magasin en ligne ?
  • Combien de produits allez-vous proposer ?
  • Avez-vous intégré la partie référencement naturel dans votre projet (SEO pour Search Engine Optimization), l’un des meilleurs vecteurs d’acquisition de trafic et de transformation ?
  • Pensez-vous utiliser des Market places et lesquelles ? Pourquoi ?
  • Quel UX (User Experience) ?
  • Quelles ressources serveurs nécessaires ?
  • Aurez-vous les moyens d’affecter des ressources à cette activité importante supplémentaire ?
  • Quel CMS allez-vous utiliser ? (Prestashop, Woocommerce, Magento pour les principaux fonctionnels)
  • Aurez-vous la possibilité de synchroniser vos stocks physiques pour votre boutique en ligne ?
  • Comment allez-vous gérer la facturation ?
  • Quelles seront vos conditions générales de vente ?
  • Quels systèmes de paiement ? (Banque, Stripe, Paypal…)
  • Qu’en est-il du RGPD (Règlement général sur la protection des données) ?
  • Connaissez-vous les principes de la loi Anti-Fraudes TVA ?
  • Connaissez-vous les principes de la loi Hamon ?
  • Quel budget publicitaire allez-vous utiliser ? (Google Ads et éventuellement Facebook Remarketing par exemple)
  • Comment allez-vous livrer ?
  • Quels seront les transporteurs ? Pourquoi et à quel prix imputable dans votre marge ?
  • Quelles opérations commerciales et animations allez-vous réaliser ? Quand ? Comment ?
  • Comment allez-vous populariser votre site Web ? (Il s’agit ici d’avoir des articles sponsorisés pur pousser vos pages)

Vous l’avez compris, le E-commerce ne s’improvise pas. Il reste toutefois accessible au plus grand nombre pourvu que vous vous formiez un peu et que vous ayez connaissance des termes employés par les professionnels. Un must have de toute manière pour réussir dans n’importe quel domaine.

Quelle forme juridique et quelle réglementation ?

Beaucoup d’entrepreneurs démarrent en entreprise individuelle et beaucoup de magasins sont tenus par des personnes qui ne séparent pas ainsi la partie professionnelle et la partie personnelle dans leur patrimoine global. Impossible de définir ici le statut juridique qui vous convient d’autant qu’il faut aussi avoir à cette occasion une réflexion sur le statut social du dirigeant et le statut fiscal. Posez-vous les questions suivantes assurément :

  • Suis-je marié et sous quel régime matrimonial ?
  • Ai-je des enfants ?
  • Ai-je des biens à protéger, lesquels et pour quelle valeur globale ?
  • Comment puis-je défiscaliser au mieux ?
  • Quel montant sur les investissements pour démarrer et faire fonctionner mon magasin ?
  • Comment préparer mon futur et mon après-métier de chef d’entreprise ?
  • Suis-je susceptible de m’associer ?
  • La réglementation m’impose-t-elle un statut ? C’est notamment le cas pour les buralistes ou les possibilités d’associations dans les activités de pharmacies et officines.

La réglementation impacte évidemment votre entreprise et peut l’impacter encore plus demain si vous ne prenez pas a mesure des tendances en la matière. Il est parfois impossible d’ouvrir une boutique en raison d’incapacités personnelles, en raison de réglementations nationales et mêmes locales parfois. Prenez le temps de bien vous renseigner sur le métier et sur les lois en vigueur. Prenez le temps également de vous renseigner sur ce qui se passe dans la commune concernée par votre implantation géographique.

Monter le business plan pour l’ouverture d’une boutique

Avec l’aide de professionnels comme les BGE, les CCI, les CMA, les consultants indépendants, les experts-comptables parfois, validez un plan de financement complet reprenant l’étude de marché/d’implantation, les chiffres liés à des devis précis, les stocks utiles, etc. Le business plan n’est que rarement refait dans le futur pour un magasin, c’est donc l’occasion de bien prendre le temps de le monter.

Conseil : Attention à trop stocker tout de suite, vous n’avez pas encore éprouvé réellement votre marché ! Prévoyez le financement des premiers réassorts dès votre prévisionnel

Le business plan de votre boutique vous servira pour solliciter des financements (les banques et organismes prêteurs observeront particulièrement le plan de financement de type « Besoins/Ressources » mais aussi de guide (notamment avec la trésorerie prévisionnelle) pour les premiers mois d’activité. Rappelons ici que l’on ne pourra réellement évaluer le potentiel qu’une fois démarré, n’ayant dans la création d’entreprise aucun historique.

X.D

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